Histoire des guides

Les premiers guides

Savants ou voyageurs, au XVIIIè siècle, les touristes s'aventurent dans la montagne pour découvrir les glaciers et conquérir les sommets.

Pour se faire accompagner, ils recrutent paysans, bergers, cristalliers ou chasseurs de chamois, qui deviennent les premiers guides. 

 

Jacques Balmat

Guide français de Chamonix (1762 - 1834). Chasseur et cristallier, puis Guide. Sa plus belle ascension : le Mont Blanc le 8 août 1786.

Christian Almer

Guide suisse de Grindelwald (1826 - 1898). Quelques premières ascensions : Mönch, Eiger, Gross Fiescherhorn, Ecrins, Grand Cornier, Grandes Jorasses O, Aiguille Verte, Jungfrau, Täschhorn. 

Alexander Burgener

Guide suisse de Saas Fee (1845 - 1910). Quelques premières ascensions : Lenzspitze, Zinalrothorn, Dru, Zmuttgrat, Furgengrat, Strahlhorn 

Franz Biner

Guide suisse de Zermatt (1835 - 1916). Quelques premières ascensions : Lyskamm, avec Almer Grand Cornier, Grandes Jorasses O, Aiguille Verte

Melchior Anderegg

Guide suisse de Meiringen (1827 - 1914). Cireur de chaussures, puis sculpteur sur bois. Sa plus belle ascension : l'éperon de la Brenva au Mont Blanc (1865). 

Hans Grass

Guide suisse de Pontresina (1828 - 1902). Quelques premières ascensions : Bellavista, Piz Pallü, Adamello, Piz Scerscen, Bernina, Roseg 

 

Les premières compagnies de Guides

L'accident de Hamel (baptisé ainsi du nom d'un médecin russe figurant parmi ses membres) est la première tragédie de l'histoire de l'alpinisme. Elle survient en 1820 sur l'itinéraire du Mont Blanc, à la suite d'une avalanche, et coûte la vie à trois guides de Chamonix en suscitant une vive polémique sur les rapports entre guides et clients, ainsi que sur la compétence des guides.

A la suite de cet accident, est créée en 1821 la première compagnie des Guides de Chamonix. Elle permet de gérer une caisse de secours destinée aux Guides et de garantir leurs compétences. En 1858 naquit la compagnie des Guides de Zermatt et les autres massifs et vallées suivirent dans la foulée.

 

L'âge d'or

De 1854 à 1865, c'est la période de la conquête des grands sommets des Alpes. Les alpinistes l'ont baptisée l'âge d'or de l'alpinisme. Seul le Mont Blanc avait été gravi et il restait tout à faire. Le début de cette période est marqué par l'ascension du Wetterhorn le 17 septembre 1854 et s'est terminée avec la célèbre ascension de Whymper au Cervin le 14 juillet 1865. La plupart des 4000m ont été gravis durant cette période.

Les Guides qui ont marqué l'âge d'or : Melchior Anderegg, Christian Almer, Hans Grass, Alexander Burgener, Franz Biner, Christian Klucker, Franz Lochmatter, Auguste Balmat, Michel Croz

Evolution de la relation entre le Guide et son client ou l'image symbolique du Guide

Le rapport entre le Guide et son client a changé. Jusqu'au début du XXè siècle, le Guide est presque un « domestique spécialisé », un « accessoire bourgeois », personnage un peu fruste investi par ses clients de valeurs de fidélité et de dévouement.

Dans les années 30 et 40, le Guide devient un « seigneur paysan », ennobli par la sagesse et le savoir-faire issus du terroir montagnard. Un guide ne dort pas, il se repose ! Un guide ne tombe pas, et s'il tombe, c'est foudroyé ou trahi par une crevasse ou une mauvaise prise, et sa main serre encore un morceau de granit quand on retrouve son corps au pied de la paroi!

C'est la période des belles amitiés : la pratique des engagements de longue durée (renouvelés chaque année et même parfois de génération en génération) favorisaient des relations approfondies entre Guides et clients. Cette forme de contrat est devenue plus rare de nos jours, même si l'amitié, elle, perdure.

Cette représentation de « chevalier des Alpes » atteint son apogée en 1950. Si aujourd'hui encore, le Guide se voit souvent gratifié de qualités innées (invulnérabilité, forme à toute épreuve, intuition, sens de l'orientation, aptitude à deviner le temps, etc), ces vingt dernières années, les représentations de l'activité de guide se sont tout de même faites plus réalistes. Ainsi l'identité symbolique du Guide se définit désormais davantage par un diplôme, c'est-à-dire une reconnaissance sociale.

Aujourd'hui le Guide est devenu un partenaire ou un enseignant, à qui il arrive même de choisir ses clients, ce qui constitue un singulier retournement de situation. La capacité technique étant a priori indiscutée, le client attend surtout du Guide qu'il fasse preuve de qualités humaines.

De plus, une partie croissante de la clientèle réclame l'accès à l'autonomie, un objectif impensable avant 1945, où l'enseignement de l'alpinisme était considéré par les Guides comme une forme de suicide professionnel.

Enfin, la relation entre le Guide, le client et la montagne est devenue largement collective (encadrement en collectivité ou stages). Finalement, si le rôle technique du Guide a peu changé, il y a une demande croissante de la clientèle en matière d'organisation, de sociabilité et de disponibilité. Désormais le Guide doit être non seulement devant pour guider, mais aussi derrière pour rassembler et au milieu pour conseiller.

La relation entre le Guide et ses clients est maintenant à la fois plus simple et plus complexe. Plus simple en raison d'une plus grande proximité socioculturelle. Plus complexe aussi, car le Guide ne peut plus attendre son client dans sa vallée. A l'ère du "zapping", il doit proposer continuellement de nouvelles activités à ses clients. Le marketing est passé par là !

La montagne devient un produit de consommation. Dans le passé, il fallait du temps et de l'argent. Aujourd'hui le client a les moyens mais plus le temps. On paie pour la sécurité et c'est le devoir du Guide d'oeuvrer dans ce sens et d'accepter les conséquences en cas de faute.

Le risque ?

Le Guide peut beaucoup mais pas tout, il n'est pas une « garantie sécurité ». Il ne peut pas supprimer le risque, mais sait choisir entre les bons et les mauvais risques. Le client doit accepter que le risque fait partie intégrante de la pratique des sports de montagne. La montagne ne se pliera jamais à nos besoins de consommateurs. Elle restera sourde aux avocats. L'homme ne peut aucunement l'influencer, et c'est pour tout cela qu'elle nous apporte autant.

Temps de création : 0 sec